Culture




Leonard Cédric Banga Mbom : j’ai un sentiment personnel de devoir accompli

L’artiste musicien, récent médaillé d’Or aux Jeux de la Francophonie à Kinshasa, partage son expérience à travers cet entretien qu’il…

L’artiste musicien, récent médaillé d’Or aux Jeux de la Francophonie à Kinshasa, partage son expérience à travers cet entretien qu’il a accordé à journalducameroun.

Vous êtes peu connu du public camerounais. Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai 34 ans. Je suis musicien ; ingénieur de Postes et Télécommunication et je fais aussi l’infographie. Je suis originaire de la région du Sud et passionné de piano. J’ai 15 ans d’expérience dans le piano.

Aux derniers Jeux de la Francophonie, vous avez obtenu la médaille en Or dans la catégorie chanson. Que représente cette médaille pour vous ?

Cette médaille est déjà une consécration car ça fait 15 ans que je fais de la musique professionnelle. Il m’a fait honneur de faire partie de l’orchestre de l’équipe du Cameroun aux Jeux de la francophonie, ce qui est un véritable honneur de faire un concours de cette envergure. C’était également très intéressant de représenter le Cameroun face à 17 pays parce qu’il ne faut pas oublier que c’est une compétition internationale ; la seule qui a plus de compétition culturelle que sportive. Et nous avons été premiers en demi-finale comme en finale. Donc, moi en tant qu’accompagnateur de l’artiste Dashi, j’ai gagné une très grande expérience humaine et aussi patriotique grâce à l’hymne national chanté lorsque vous remportez la médaille d’or. Je souhaite que chaque instrumentiste puisse vivre ce genre d’événement. C’est un sentiment personnel de devoir accompli.

 Comment vous est venue la passion pour la musique ? Et pourquoi avoir choisi comme instrument de prédilection le clavier et le piano ?

Ma passion pour le piano vient de ma mère. Chez nous les Bulus, la musique est comme une sorte de religion, vu que nous sommes très chrétiens ; mon grand-père et ma mère ont joué du piano. Et ma mère me l’a appris dès l’âge de 3 ans. Mais c’est à 18 ans que j’ai commencé à faire de la musique professionnelle quand je suis arrivé à l’université

 En 2016, vous avez créé la Teamnash, une action qui forme bénévolement les jeunes talents…

Cela vient de mes difficultés à apprendre la musique au Cameroun. J’ai appris le piano comme autodidacte ; ma mère m’a inculqué l’amour du piano mais étant donné qu’ici nous n’avons pas de conservatoire ou de suivi qui permet à un camerounais quelconque de devenir un musicien professionnel, on doit donc apprendre dans le tas. C’est donc avec l’expérience des anciens, dans des cabarets, et même dans des églises que j’ai pu avancer. C’est en 2016 quand je décide de me relancer dans le couloir professionnel que je me rends compte qu’il y a beaucoup de jeunes qui aimeraient apprendre à faire de la musique mais ne savent pas comment faire.

J’ai eu l’occasion d’être recruté pour la première édition de The Voice Afrique francophone en 2016 et après cette expérience, nous avons recruté 80 jeunes camerounais qui ont fait la belle renommée de cette émission. A la fin, nous nous sommes retrouvés avec des jeunes camerounais très talentueux sous le bras qui ne savaient quoi faire de l’expérience. C’est comme ça que je décide de créer cet avion bénévole pour pouvoir démontrer aux jeunes talents qui cherchent comment se hisser dans ce milieu et profiter de leur talent que ce soit de manière professionnelle ou bien financière. J’espère que ma nouvelle notoriété me permettra de repérer de nouveaux jeunes qui pourront un jour gagner aussi une médaille d’or.

L’orchestre des médaillés en Or aux Jeux de la Francophonie

Comment avez-vous procédé pour concilier études et musique ?

C’est un paradigme pour chaque jeune africain qui essaie de faire de la musique. La musique souffre d’une réputation selon laquelle faire de la musique c’est pour les voyous, ou que ce n’est pas un métier. Je suis musicien depuis l’âge de 3 ans mais j’ai privilégié mes études avant de pouvoir me lancer dans une carrière musicale professionnelle. La musique est très similaire aux mathématiques ; les notes, les sons, sont comme la physique et les mathématiques. Si on joue du piano de manière professionnelle, il faut l’étudier. Pour cela, il faut un certain background. C’est pour cela que je suis d’abord entré en faculté à l’université de Yaoundé 1 où j’ai appris la musique professionnelle dans le club de musique. Ensuite, deux ans plus tard, j’ai eu le concours pour Supptic où j’ai fait cinq années mettant ma carrière en pause.

L’infographie est un métier que j’ai appris en spécialisation par rapport à mon métier d’ingénieur. Je cherchais surtout un métier qui me permettrait d’associer l’art aux sciences que j’ai apprises. Mon papa est plus scientifique. J’ai voulu concilier les deux, la science et la musique, et j’ai ainsi créé une entreprise qui me permettrait de gérer les deux : ma passion pour l’art et mon métier d’ingénieur. Donc c’est juste une question d’emploi de temps et d’organisation. Ainsi, lorsqu’il y a un événement comme un festival, j’y vais et à mon retour, je fais mes travaux avec mes clients. C’est juste une question d’organisation mais pour cela, il faut vraiment se mettre à temps plein.

Depuis quelques mois vous animez les « Chroniques de Nash ». Pourquoi un podcast sur l’actualité musicale camerounaise ?

J’ai commencé à écrire des chroniques musicales sur ma page Facebook pour m’amuser mais j’ai été contacté par de nombreux professionnels qui m’ont dit que la musique a besoin de critiques et qu’il n’y a pas de critiques d’art et les gens essaient beaucoup de masquer certaines faiblesses. Et puisque j’écrivais bien et que ça plaisait aux gens, j’ai commencé à avoir un certain nombre de followers puis j’ai été approché par Kalak Fm qui m’a demandé si je pouvais parler aux gens au travers des directes et des p’tites vidéos ce sera très intéressant. Je me suis lancé, le résultat était encourageant, cela a boosté mon audimat. Ma ligne éditoriale est la restauration de certaines valeurs musicales et aussi la promotion de la musique camerounaise. Mes chroniques traitent donc des problèmes et proposent des solutions. Je ne suis pas un critique qui vient seulement dénigrer ce qui se passe mais qui apporte des solutions à un milieu qui a besoin d’aide. J’anime cette chronique tous les jours et ça me donne une nouvelle façon d’appréhender les choses et une nouvelle compétence qui me plaît bien.

 

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