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Cameroun-Dr Landry Ngibasona : « Les bonnes et vraies maths font souffrir, elles demandent plus de sacrifices »

Le professeur des lycées d’enseignement secondaires général présente des raisons qui expliquent le faible niveau en mathématiques des candidats aux…

Le problème des mathématiques au Cameroun

Le professeur des lycées d’enseignement secondaires général présente des raisons qui expliquent le faible niveau en mathématiques des candidats aux examens officiels. Le Docteur PhD en mathématiques appliquées propose des solutions pour améliorer le niveau des élèves en cette discipline.

Prof, l’Office du Baccalauréat du Cameroun vient de publier le palmarès des établissements scolaires à l’issue des examens officiels de la sessions 2023. Selon ce classement, les mathématiques restent la discipline la moins validée, avec un taux de réussite de 00,00% dans certaines spécialités de l’enseignement technique. Quelle raison pourrait expliquer cette situation ?

Je commencerai par souligner que le problème du décalage de performances en mathématiques par rapport aux autres disciplines enseignées et évaluées chez nos élèves et/ou candidats aux examens est général. Le défi d’inverser la tendance reste effectivement d’actualité dans tous les systèmes éducatifs du monde. Pourquoi ce décalage ? Je répondrais globalement que le symbolisme conventionnel du langage mathématiques se trouve un peu plus isolé du langage sociétal usuel quotidien et permanent qui encadre presque tout le processus d’acquisition des savoirs et savoir-faire, ainsi que les besoins ou nécessités utilitaires de ceux-ci au sein de la société.

Les sociétés qui s’investissent à inverser la tendance cherchent-elles à aussi rapprocher l’éducation et la culture de nos enfants à l’usage pratique quotidien des mathématiques ? A pouvoir s’exprimer par des symboles et figures tel qu’ils le font mieux littéralement ? Ces sociétés emploient et encouragent le langage du graphisme et du symbolisme dans une démarche ludique dans la phase de l’initiation de l’enfant avec toute une expertise requise. L’expertise canalise cette démarche pour l’enchaîner à la phase théorie-pratique très indissociable où l’apprenant déjà habitué à la manipulation des graphiques et symboles, va réaliser plus concrètement et plus intéressant tout le développement fondamental théorique par sa pratique justifiant tout ce qu’il voit et utilise au quotidien. C’est tout une politique qui s’applique avec rigueur et s’impose à toutes les agences qui véhiculent l’information destinée à leurs jeunesses.

Pour nos sociétés africaines et en particulier la société camerounaise, comment les décideurs devraient-ils aborder et traiter la problématique du faible niveau des jeunes en mathématiques ?

Le problème mathématique est systémique et c’est une bonne jauge d’efficacité d’un système éducatif et je dirais d’une société. C’est une science exacte et fondamentale très rigoureuse. Elle requiert pour sa maîtrise chez nous aujourd’hui, de l’intérêt utilitaire pratique et concret, la valorisation de son utilité qui est très négligée par les politiques. En réalité les bonnes et vraies maths font souffrir, elles demandent plus de sacrifices en temps en attention et en concentration. Elles font aussi bien investir de l’argent pour la recherche. Mais s’il faut s’en rendre finalement compte que tous ces sacrifices et efforts vont être vains et être très négligés et même piétinés par la société, il serait très normal de constater que nos enfants ne perçoivent aucun intérêt à choisir de souffrir pour les maths sans percevoir une quelconque plus-value qu’ailleurs.

La société (et même bien-sûr mes apprenants) m’a toujours dit « tes maths que tu fais-là ne nous servent à rien… » Bref,  »ça casse la tête et finalement ça ne donne pas l’argent… » Pourtant c’est bien le fondement rigoureux de toute la science et la technologie. La robotique, l’informatique et L’Intelligence artificielle constituent une orientation révolutionnaire de l’implémentation concrète de la modélisation procédurale des démarches mathématiques. En fait, nous sommes des sociétés qui consommons des produits qui résultent de la concrétisation de la science et de la technologie qui selon nous, relèvent tout simplement de la  »magie des autres ». C’est l’opinion populaire qui ne devrait pas être celle du politique qui sait bien ce qui se passe chez les autres. Cette opinion malheureusement est bien partagée par nos élèves.

Les modèles de notre société ne sont pas ceux des nôtres qui ont énoncé des résultats scientifiques révolutionnaires. Les modèles chez nous sont des influenceurs, des mboleyeurs (chanteurs et danseurs du Mbolé), des grands hommes d’affaires tricheurs, des détourneurs de fonds publics et autres qui usent de la corruption et se font de l’argent. Ceux-là imposent un ton à notre jeunesse. Et non un mathématicien qui peine à changer de pantalon par semaine.

Quels conseils donneriez-vous à la jeunesse camerounaise qui au vu des résultats des examens baccalauréat et probatoire de la session 2023, est appelée à améliorer ses performances en mathématiques ? 

A nos jeunes enfants et élèves, je leur donnerai un conseil pratique, la motivation : sachez que partout dans le monde aujourd’hui, les bons et vrais matheux sont rares et recherchés. Cette réalité va imposer à tous un intérêt à s’investir pour les maths, fondement de la science et de la technologie. Commencer par aimer les maths. Considérez que les maths sont une discipline bien ordinaire comme toutes les autres. Un cours de mathématiques est une série d’activités très dépendantes les unes des autres. Il faut vous investir, vous efforcer à participer activement au déroulement du cours. C’est à dire dans l’APC, de l’entrée par des situations de vie, en passant par le test de pré requis, de la situation problème aux activités d’apprentissage qui montrent la construction des ressources (savoirs et savoir-faire) qui vont constituer le résumé du cours et sont finalisées par de exercices d’application. C’est la participation active et la maîtrise de cette phase du cours qui conditionnent votre bonne performance dans le traitement des exercices de consolidation, les activités d’intégration ; ce qui vous assure une meilleures appréhension des sujets d’évaluation.

La discipline : le strict respect du règlement intérieur de votre établissement. C’est un guide inéluctable très précieux qui non seulement vous permet d’avoir une bonne conduite non seulement au sein de l’établissement, mais vous donne d’acquérir une attitude correcte vis à vis de la société et surtout dans votre futur milieu socio-professionnel.

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