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Cameroun-affaire Martinez Zogo : Paul Biya décharge Sikati II Kamwo de l’instruction

Le président de la République, chef suprême des Armées a désigné par décret un nouveau magistrat, officier militaire pour la poursuite…

Martin Savom incarcéré à la prison de Kondengui.

Le président de la République, chef suprême des Armées a désigné par décret un nouveau magistrat, officier militaire pour la poursuite de la recherche des preuves et des coupables.

Le décret présidentiel N°2023/568 rendu public le 13 décembre 2023 nomme le lieutenant-colonel magistrat Pierrot Narcisse Nzie, vice-président du tribunal militaire de Yaoundé. Le même texte du chef de l’Etat le désigne en qualité de juge d’instruction dans la même juridiction, cumulativement avec ses fonctions de vice-président. Le nouveau juge d’instruction remplace le magistrat militaire Sikati II Kamwo.

Ce dernier a été au centre d’une polémique relative à la mise en liberté de l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga et du directeur de la DGRE Leopold Maxime Eko Eko. Contre toute attente, dans l’après-midi du 1er décembre dernier, une ordonnance portant le nom et la signature du juge d’instruction Sikati II Kamwo est en circulation sur la toile. Le document ordonne la libération de ces deux principaux inculpés dans l’affaire de la torture et de l’assassinat du chef de chaine de radio Amplitude FM, Martinez Zogo.

Accusés pour « complicité de torture par aide », la décision judiciaire les déclare non coupables. L’ordonnance est appuyée par des procès-verbaux de notification aux avocats des deux concernés. Leur circulation enflamme l’opinion et jette du discrédit sur la justice camerounaise en général et sur la juridiction chargée de juger l’une des plus importantes affaires que connait le pays en 2023.

Pour calmer la tempête, le juge Sikati II Kamwo produit une communication. Dans le document, l’officier magistrat remet en cause l’authenticité de l’ordonnance de mise en liberté portant sa signature. Dans la foulée, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Yaoundé, le magistrat militaire Cerlin Belinga, enjoint le régisseur de la prison principale de Yaoundé de ne point procéder à la libération des inculpés. A la prison principale de Kondengui, les avocats de Jean Pierre Amougou Belinga partis pour obtenir la levée d’écrou au bénéfice de leur client, rentrent confus et en colère. Me Charles Tchoungang appelle à l’arbitrage du président de la République.

Le chef de l’Etat, vient ainsi de redistribuer les cartes en vue de la poursuite de l’instruction. Outre le juge d’instruction du tribunal militaire qui est nouveau, l’inspection générale des Armées a un nouvel inspecteur, le colonel Didier Dongmo Sipa. Le décret présidentiel nomme aussi un nouveau directeur de la justice militaire, le colonel magistrat Sylvestre Pascal Djiofack.

Par ailleurs, avant son remplacement, le juge Sikati a convoqué de nouvelles personnes proches de l’affaire Martinez Zogo pour les auditionner. Ces convocations montrent que les investigations se poursuivent. Le nouveau responsable de l’instruction devra poursuivre le travail de son prédécesseur tout en veillant à restaurer l’image de la justice militaire.

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