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Affaire de prédation sexuelle : un enseignant accuse la crise de l’éducation au Cameroun

Le professeur des Lycées d’enseignement général, Daniel NOO prend prétexte de l’affaire de mœurs qui secoue le pays. Interrogé par…

Le professeur des Lycées d’enseignement général, Daniel NOO prend prétexte de l’affaire de mœurs qui secoue le pays. Interrogé par JDC en contexte des festivités marquant la 58è édition de la fête jeunesse, le pédagogue jette un regard analytique sur la situation critique de l’éducation de la jeunesse.

« L’affaire Bopda, reconnaissons-le n’est que la manifestation notoire et même récidiviste de la crise de l’éducation nationale.

Oui »quand la main a failli, on punit la tête », recommandait P. Corneille. Raison pour laquelle, même la nouvelle pédagogie reconnait que : « il n’est pas de mauvais apprenants, il n’y a que de mauvais maîtres » ; de tel enseigne que lorsqu’un élève échouait dans son parcours scolaire, on devrait accuser le maître. Lui l’accoucheur, le facilitateur, parce que mieux renseigné, mieux éclairé. Il serait donc très aveuglé, si non de mauvaise foi, de refuser de voir l’agonie de l’éducation au Cameroun dans l’affaire Bopda. Le maître a démissionné. Il a jeté la craie. Disons qu’il se serait sauvé.

Mais doit-on immédiatement lui jeter les pierres ? Si non, à qui reviendrait donc une telle responsabilité ? Qui se serait chargé de signer une telle démission ? Qui nous a privé de notre éducateur ?

Sans vouloir tirer la couverture du bon côté, je crois que cet interrogatoire est rhétorique. Oui, j’accuse, en tête de liste les décideurs de la République. Nos dirigeants sont les principaux responsables j’allais plutôt dire les uniques responsables de la mort de l’éducation, de la dérive de la jeunesse camerounaise.

Parce que pour anéantir un peuple, prive-le de son éducation. Et c’est justement cette privation que nous vivons dans notre pays. Reconnaissons que le dirigeant camerounais a affamé l’enseignant. Il l’a dépourvu, privé du minimum pour survivre. Comment peut-il donc prétendre éduquer, lui-même à jeun, perdu et foiré ?

Ne dit-on pas souvent trivialement que c’est le ventre qui porte la tête ?  Comment peut-il donc alors être regardé par son apprenant ?

En plus comment pouvoir convaincre la jeunesse que l’éducation est un vecteur de l’émergence, de la réussite sociale, alors qu’on voit autour de nous les intellectuels clochards, désespérés et les incultes et voyous nantis et « heureux » ?

Au-delà de ce pan social, relevons que le système éducatif camerounais beigne dans un laxisme sans pareil. En effet, l’occidentalisation de notre éducation, sans tenir compte de nos réalités sociales, nous a conduit aujourd’hui à renoncer le magistrocentrisme au profit du puérocentrisme qui proclame la mort (managériale) du maître. Dans ce copisme hexagonal, le jeune camerounais, saisissant cette image, comme les enfants apprennent les fables de la Fontaine, se trouve poignardant réellement son enseignant à Nkolbison, pour s’en débarrasser complètement.

Pourtant cette mort projetait simplement le responsabiliser. Nous avons donc copié la culture de l’autre au mépris de notre contexte. Et nous voilà balbutiant et « dégatant », vendant la viande du porc devant la mosquée !

Le parent aussi à son tour, ayant abandonné sa progéniture depuis la nuit des temps entre les mains de l’enseignant, pour des raisons  généralement capitalistes, ne se rend pas compte du déménagement de ce dernier. Les voilà délaissés, solitaires, proies à toutes les déviances sociales, audiovisuelles…  Les voilà enviant tel ou telle influenceu(se)(r)s parce que richement bichonné(e), incapable de s’interroger sur la source de cette opulence.

On se trouve ainsi enclin à l’effet, ignorant bien la cause. Et côtoyant donc ces mentors, ils leurs donneront des appâts ; et les poissons de se leurrer que le pêcheur est généreux. C’est ainsi qu’on se trouve dans la « Bopdatisation ».

Pour ne pas conclure relevons que, la tribu des nantis, des dirigeants a intentionnellement sevré celle des dirigés, des laisser-pour-comptes. Cette privation de manière générale ne visait rien d’autre que la paupérisation du « pauvre » pour mieux « l’imbacumiser », l’anéantir, le contrôler, le dominer ad vitam eternam. Et le présumé prédateur sexuel fait partie de la première tribu. Il n’est donc que la partie visible ou vue de l’iceberg… Le dirigeant n’y pourra donc rien.

Et tous ce qu’on nous présente n’est et ne peut être que du trompe l’œil. Si l’on a vu cette classe transformant leur cellule de prison en suite présidentielle. Au contraire, plaignons plutôt les prisonniers démunis parce que ce lieu est celui par excellence de ces sortes de pratiques pour des êtres qui à peine, peuvent tromper la faim ».

 

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