L’Etat et plusieurs mouvements indépendantistes ont accepté d’initier un processus pour atteindre une résolution pacifique et politique du conflit.
Le ministre des Affaires étrangères du Canada l’a annoncé le 20 Janvier 2023. Melanie Joly a révélé dans la déclaration d’Ottawa qu’elle parle en qualité de « facilitateur dans le processus » qui est censé mettre fin à la crise séparatiste qui secoue les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest depuis 2016.
« Les parties ont également accepté de former des comités techniques pour commencer à travailler sur des mesures de renforcement de la confiance », ajoute Mélanie Joly.
« L’accord pour commencer un processus formel est une première étape essentielle vers la paix et une étape plus sure, inclusive et prospère pour des civils touchés par le conflit », a déclaré le ministre canadien.
Le Canada qui partage la même spécificité que le Cameroun avec une culture francophone et anglophone, salue également le fait que les parties se sont engagées dans un véritable dialogue.
Évolution dans la position de l’Etat
Les responsables du gouvernement n’ont pas encore réagi à cette annonce, qui peut être vue comme une évolution dans sa position. Depuis l’enlisement de la crise, le gouvernement a toujours maintenu que la forme actuelle de l’Etat n’est pas négociable.
La crise a commencé avec les sautes d’humeur d’avocats et d’enseignants, qui ont exigé que des caractéristiques anglophones spécifiques puissent être prises en compte dans le système judiciaire, dans le système éducatif, et a depuis évolué en un conflit d’autonome.
Une partie des ressortissants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont exigé un retour total à l’État fédéral, comme c’était le cas entre 1961 et 1972, et une autre, armée, réclame l’indépendance de ces deux régions en vue de former la « République d’Ambazonia ». Cela soulève des questions sur la motivation de Yaoundé à accepter une nouvelle médiation après l’échec de la tentative suisse en 2021. Surtout que le gouvernement a maintenant plus de contrôle sur la situation.
En effet, sur le terrain militaire, la situation est en grande partie favorable aux forces de défense et de sécurité. Dans ces régions, les villes sont sous contrôle de l’armée régulière. Les milices séparatistes ont été considérablement affaiblies par de multiples campagnes militaires.
Au plan international, la pression des partenaires sur le gouvernement est décroissante. Certains pays comme les États-Unis, ont même décidé de le faire interpeller des séparatistes de la diaspora pour leur implication dans les abus commis sur le terrain.
Ces abus ont découragé certains partisans de la cause de l’indépendance. En tout cas, l’agenda politique pourrait expliquer la volonté du gouvernement de s’asseoir à la même table avec les séparatistes, qu’elle a longtemps refusés comme interlocuteurs. Une élection présidentielle est prévue dans deux ans. Ceci, selon de nombreux analystes, est crucial en ce qu’elle pourrait entraîner un changement à la tête de l’État, en désignant une autre personne à la place du président Paul Biya qui a maintenant 90 ans. Une pacification du pays devrait permettre de négocier ce grand tournant avec plus de sérénité.