Viendra-t-il un jour où le peuple camerounais saura ce qui s’est réellement passé à Paris les 1er et 2 novembre 1982 avec le président Ahidjo ?
Qui aurait-il rencontré(s) et quel sujet fut au menu des discussions si jamais il y en eût ? 40 ans après, plus que la décision tombée le 4 novembre au soir, c’est l’agenda du premier président au cours de ces deux jours finalement fatidiques qui pourraient apporter une lumière sur sa démission au profit de son successeur constitutionnel.
Ce faisant, on aurait alors des pistes pour comprendre la longévité. Un Paul Biya qui depuis lors a subi tant de bourrasques, de vents contraires et de trahisons sans jamais « faillir » ni abandonner une position qui, a posteriori, semble avoir été taillée pour lui. Car comment expliquer autrement que le président Biya ait pu slalomer entre des conjonctures nationales et internationales qui ont emporté tant de ses compères sur le continent et ailleurs ?
Aujourd’hui, il est même parvenu à devenir le maître du temps d’un bateau qui, tant bien que mal et au gré des tempêtes, continue de voguer cahin caha dans une mer globale le plus souvent agitée.
A l’heure où ses thuriféraires lui dressent, comme à leur habitude, des couronnes les plus scintillantes, il serait de bon ton de repartir aux origines pour explorer les concepts nouveaux qu’il tenta, au prix de mille périls dans son propre camp, d’introduire dans de vieilles outres qui depuis ont pris de la poussière.
Oui, au-delà de ce qu’un chroniqueur amateur de belles lettres appela un jour «la pensée incinérée du RDPC », il est plus qu’urgent de convoquer à nouveau la rigueur (dans la gestion) et la moralisation (dans les comportements) pour mettre en ordre une société écartelée entre l’envie de changement et le besoin d’une vie meilleure.
Nettoyer les écuries d’Augias d’une longue gouvernance souvent tatillonne devient ainsi un impératif catégorique d’autant plus que la donne géopolitique a changé avec la compétition ardue entre Chinois et Russes qui repoussent chaque jour un peu plus la France à la périphérie d’un pays et d’un pré-carré où elle a longtemps fait la loi ; elle le cavalier solitaire repu d’un butin obtenu sans coup férir pour le bien des siens et dont les lumières ont depuis cessé, au propre comme au figuré, d’attirer les jeunes lucioles camerounaises au cerveau toujours plus créatif.
C’est en cela que le paradigme nouveau tant réclamé et attendu prendra tout son sens et permettra au « Nom Gui » de rentrer, pour une seconde fois, dans l’histoire.